• Ascèse

    De lourdes ailes de papier s’entassent sur mon lit livide. Elles me recouvrent,  me plaque contre mon pâle et funeste compagnon.

     Puisque je suis captive, il leur est trivial de me contraindre à me dévouer à leur assortiment  de mots. Ces derniers envahissent ma vision. Ils me plongent dans des mondes fictifs ou m’élèvent au-dessus de mon univers natal. 

    Je suis coincée, la liberté est une onéreuse denrée. Mais peut-être que du bas de mon sommier, l’omniscience, elle, ne m’est pas prohibée ? Candide rodomontade.

    Les mots, les maux, ils m’ont détériorée et ornée. Le temps de les apprendre, la voilà, la richesse qui m’est échue.  C’est grandiose, c’est jouissif d’avoir des mots pleins les pensées mais que c’est corrosif quand on est astreinte à les contenir en son seul être alors même qu’ils sont incoercibles.

    Mon corps et mon cœur sont  des indigents tyrannisés par mon esprit aisément conditionné par ses geôliers fantasmés.  Peut-être qu'avant l’avènement de la raison, des barrières ont été érigées par des corps étrangers. Puis l’esprit les a probablement  perçus exacerbés par la naissante lumière de son aurore. Et au cœur du midi, le mirage perdure encore. Raison, esprit, volonté qu’importe sa dénomination, ça continue de trembler devant un ennemi depuis longtemps affaibli.


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