• Ataraxie apathique

    Les jambes ankylosées, on s'agite, on tente de trouver un équilibre insaisissable. On ressasse d'insolubles problèmes quotidiens. Et puis, on abandonne. La superficialité n'ayant plus sa place en ce lieu isolé de tout. Seules comptent les jambes douloureuses et le cœur instable.

    On se laisse enfin choir sur la terre meuble, moelleuse, presque accueillante, la primordiale sécurité des vêtements ayant cessé d'être lancinante. 

    Dans un premier temps, on savoure la tant convoitée quiétude corporelle. Puis, les yeux ouverts sur le petit coin de campagne devenu familier, on ne contemple bientôt plus rien. On ne pense plus qu'aux fraîches caresses du vent et à la chaleureuse hospitalité de la terre.

    Progressivement les pensées s'échappent et s'égarent. Suivant le fil d'une logique biscornue, elles s’enfilent comme des perles sans qu'on ait à leur fournir la moindre impulsion.

    Cet instant ne peut avoir pour initiateur qu'un moment d'attente indéfini et creux comme celui-ci. On sait qu'on ne peut être que là, nulle part ailleurs, et que les secondes, habituellement si précieuses sont destinées à être perdues.

    Alors oui, on s'abandonne enfin. Il n'y a plus rien d'autre à faire que de laisser les pensées triviales se faire en nous, sans y opposer la moindre censure morale, sans se contorsionner vainement l’esprit en songeant à ses soucis.

    On n'est plus vraiment conscient et pas tout à fait absent. Plus de douleur, plus de troubles. Spectateur de ses propres pensées, on découvre même de nouvelles facettes d'un nous plus simple, plus spontané.

    Le Vent frai et la Terre chaude.

    Pourrait-on un jour être plus proche de la plénitude, qu'en cet instant où on attend rien, car rien ne peut être désiré ? Et où rien n'est plus important que de respirer et que de laisser ces pensées filer ?

    C'est en cette période de latence à la durée indéfinie que l'ataraxie et enfin effleurée.


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