• L'expérience de Milgram (psychologie sociale)

    Actuellement en France, lorsque nous commettons un crime ou une faute nous ne pouvons pas nous en excuser en affirmant que nous avons uniquement suivi les ordres d'un supérieur, nous sommes responsables de nos actes.  Ce fut le cas lors des procès de Nuremberg (1945\1946) où les nazis ayant plaidé cette justification ont été condamnés.

    Cependant, on nous répète constamment, depuis le berceau, d'obéir à nos parents, à nos professeurs mais également à l'état, aux médias et aux spécialistes d'un sujet... Les personnes ayant massacré les juifs, les tziganes et autres "sous-hommes" sont-elles tous des monstres sans cœur ? Quelle est l'importance du rôle de l'autorité et de la soumission dans ces affaires ?

    L'expérience de Milgram (précision) sur la psychologie sociale et nous offre une piste de réflexion sur ces questions, c'est elle que nous explorerons dans cet article !

     

    Suite aux atrocités commises pendant la seconde guerre mondiale le psychologue social Stanley Milgram mena donc une expérience entre 1960 et 1963 pour évaluer le degré de soumission d’un individu face à une autorité qu’il juge légitime. Pour cela il recruta 40 sujets masculins grâce à une annonce dans le journal : celle-ci présentait une expérience visant à déterminer l’effet des punitions sur la mémoire et promettait une petite rémunération.

    Arrivés sur les lieux de l’expérience, les sujets semblaient passer deux par deux, puis ils tiraient au sort pour savoir qui jouerait le rôle de l’élève et qui celui du maître. Seulement, l’un des deux était un complice et le jeu était truqué, le sujet dit naïf se voyait invariablement octroyer le rôle de maître. L’expérience requiert encore l’implication d’un acteur : un scientifique en blouse blanche (la tenue est ici très importante car c’est principalement elle qui lui confère cette autorité)

    A ce moment-là, l’élève était placé sur une chaise et était relié à des électrodes. Le chercheur et le maître sont quant à eux dans une salle voisine. Le sujet naïf trouve alors 15 manettes devant lui indiquant des tensions de 15 à 450 volts. Le principe est assez simple, l’élève doit retenir une liste de mots et à chaque erreur le maître devra lui administrer une décharge de plus en plus forte. (L’élève étant un complice, il ne risque rien mais va commencer à gémir à 75V, déclarer que les chocs sont douloureux après une supposée décharge de 120V, demander l’arrêt de l’expérience à 150V, affirmer qu’il ne supporte plus la douleur après 2 autres manettes actionnées et enfin pousser un cri déchirant avant de se taire à 300V) Pour information une personne avec un cœur fragile est susceptible de faire un arrêt cardiaque en recevant une décharge de 200V et la tension maximale peut tout à fait être mortelle.

    Si le sujet est pris de doute ou de remord, le scientifique va répondre quatre formules sans réel contenu mais dont l’effet de pression social est croissant :

    1. Continuez s'il vous plait, je vous prie de continuer.

    2. L'expérience exige que vous continuiez.

    3. Il est absolument indispensable que vous continuiez.

    4. Vous n'avez pas le choix, vous devez continuer.

    Si le sujet refuse de continuer à la quatrième, l’expérience prend fin.

     

    Les résultats sont si frappants qu’ils devraient être bien plus connus :

    62.5% des participants vont jusqu’au bout et le choc moyen administré est de 360V. On est bien loin des 1 pour 1000 préconisé par Milgram.

     

    Et là vous devez sûrement vous dire que ce n’est qu’une expérience, faite que sur seulement 40 hommes américains dans les années 60… Oui mais cette expérience a été reproduite dans plusieurs culture différente, avec des femmes également et les résultats ont été similaires. De plus en 2009, France télévision a repris cette expérience sous forme de jeu télévisé (la zone Xtreme) et les résultats sont encore plus consternant : on atteint là 81% d’obéissance jusqu’au bout. N’omettons pas que le public était aussi naïf que le maître et qu’il n’a jamais protesté. Nous tenons ici la preuve que des mises à mort pourraient facilement avoir lieu sur des plateaux télévisés…

    Vous pourrez également trouver des variances à cette expérience :

    Si les chocs sont administrés par un tiers reléguant le sujet au rôle de spectateur, 92.5 % laisse l’élève recevoir le choc maximal.

    Si deux autres maîtres se rebellent contre les ordres ce chiffre tombe à 10%.

    Il tombe à 0% si c’est l’autorité qui se retrouve à la place de l’élève ou si c’est l’élève qui demandait, dans un premier temps, de recevoir les décharges.

    Des paramètres tels que la proximité de l’élève peuvent faire diminuer les nombres de personnes atteignant les 450V.

    Devant ces constats, nous sommes forcé.e.s de constater que si nous avions été à la place de ces bourreaux, une majorité d’entre nous aurait probablement suivis les ordres jusqu’au bout. De plus, des horreurs similaires pourraient très certainement être reproduites.

     

    Mais comment expliquer cela ? Et bien un début de réponse nous est fourni par certains facteurs dits psychosociaux :

    - Ici, les sujets obéissent à une figure d’autorité, et se sentent donc agents de cette dernière plus que personne autonome : Ils ne se sentent plus responsables de leurs propres actes, ils se considèrent comme l'instrument de la volonté d’un autre. Plus besoin alors de s’interroger sur la notion de bien et de mal.

    -Les sujets, et nous-même, avons intériorisé une norme de soumission apprise par l’éducation.

    -Enfin, ils se sentent engagés : le choix d'un comportement les poussent à poursuivre sur le même chemin ("j'y suis, j'y reste"). Le sujet est progressivement engagé dans l'escalade des punitions augmentant doucement 15V par 15V.

     


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