• L'intrusion

    Seul.

    Égaré dans la ville grouillant de piétons bourdonnants et de voitures grondantes. Il marche, mécanique, les point serrés dissimulés dans ses poches prêtes à éclater, les yeux baissés : tête à tête avec le sol crotté.

     Un léger signe distinctif, une marque inscrite au fer rouge sur son front. Les regards insistants ne sauraient le délaisser ne serait-ce qu’un instant. La foule anonyme le transperce et le met à nu. Il tente d’en faire fit, de ne pas laisser transparaître haine, gêne, colère, honte ou fatigue.

    Ainsi,  souhaite-il protéger son âme des profanations subis par sa chaire. Comme si les liens étroits les unissant ne l’avaient pas déjà  enserré et étouffé. Il tente, désespérément, de se rattacher à une fourmi galopante, à un évasif chant d’oiseau, aux susurrations de l’eau courantes…

    Ne surtout pas laisser paraître le moindre signe de faiblesse, la moindre faille. Pas de défaillance possible face à l’inhumaine humanité.

     

    Mais pour dissimuler la fierté éraflée, ne saurait-il pas préférable de relever la tête et de darder sur ces vautours émotionnels un regard froid et orgueilleux ?


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