• Apathie

    Après un combat enragé pour ce que nous appelions la vie elle-même, la force nous abandonne inexorablement. La poussière soulevée par tant d’agitations  tournoie encore un instant avant de s’affaisser mollement. Elle, qui occultait notre horizon, se retire.

    C’est fini.

    La vie peut-elle toujours être si rien ne s’agite ?

    Nous n’osons bougés, ahuris. Lorsque nos esprits nous reviennent progressivement, nous prenons conscience qu’un silence funeste s’est glissé jusqu’à nos oreilles. Ce n’est qu’un vulgaire symptôme d’une réalité encore plus glaçante : Tout est vide, immobile. Qu’importe si le butin convoité, poids mort, se trouve à présent en notre possession ; qui se soucierait, en cet instant, de savoir si nos biens ont été malignement dérobés ? Si plus rien n’est, comment cela pourrait-il encore importer ?

    Les sacrifices, les peurs, les sanglots, les pertes et même les victoires. Comme cela parait loin, vain. Pourquoi avoir désiré ces choses inertes, futiles, qui ne combleront jamais l’absence de réponse d’un monde creux ?

    Nous désirions oui. Sans doute pour combler le vide existentiel qui alourdissait nos ventres. Nous nous sommes gavés après avoir lutté avec ferveur. Nous avions alors l’illusion que nos actions importaient, que ce qui en résulterait serait crucial, déterminant. Nous n’espérions pas le bonheur, non, juste de la satisfaction, du soulagement. Nous les avons eus. Un bref instant. Et le monde s’est alors révélé à nous dans toute sa nudité et son absurdité. La vérité git dans nos mains inanimées.

    Un doute, effleure notre esprit : Le combat s’était-il véritablement achevé ? Ne risquons-nous pas de perdre plus si demeurons inertes ? Si, assurément. Cependant cela importe peu. Plus rien n’a de valeur. Qu’ils se jettent dessus ces vautours écervelés, qu’ils s’épuisent inutilement ! Nous les sentons s’approcher, nous lorgner de leur écœurant regard dégoulinant d’envie.

    Une certitude nait alors en nous. Nous redeviendrons aussi risibles qu’eux dès que nous oublierons, dès que nous aurons à nouveau les yeux rivés sur nos vies exiguës.  L’apathie se révèlera alors fatale. Ce destin nous indiffère.


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