• Voyage dans les méandres

    Je descends les escaliers un peu maladroitement, l’excitation allégeant mon pas mais me rendant également plus étourdi. Dans un bond je rejoins le sol. Et mes yeux se posent enfin sur ce paysage inconnu. D’immenses habitations d'un style nouveau s’étendent autour de moi. D’épaisses planches semblent indispensables pour soutenir ces murs aux couleurs majoritairement pastelles. Il se trouve un petit parc par-là, des enfants y jouent joyeusement. De la verdure est parsemée partout sur cet endroit paisible. Oh ! Voilà un étrange oiseau blanc et noir qui traverse le ciel ! Qu’il est grand et majestueux !

    Je dois bientôt me décider à traverser la rue recouverte d’une étrange et longue pierre noire semblable à un immense serpent assoupi. Je garde cependant un œil derrière moi. Ce n’est pas très prudent, mais que puis-je y faire ? Mon regard est comme happé par ce lieu nouveau.

    Un bruit assourdissant. Mon cœur s’emballe immédiatement. Ma tête fait des mouvements vifs pour identifier la provenance du danger. Ah, ce n’est rien. Que ce transport étrange que j’ai pris pour arriver ici. Le maître de cette géante chose me regarde avec agacement à travers un mur transparent. Je me dépêche alors de rejoindre l’autre rive avec un sourire d’excuse. Dans ma hâte j’empreinte une rue sinueuse sans plus de considération. D'étonnantes odeurs, de mets sûrement, remplissent l’air. J’en respire à pleins poumons, me remplissant de se mélange doux. Mes mains se promènent sur chaque mur, chaque plante, chaque construction, découvrant avec ravir des sensations singulières. Je demande alors qu’est-ce concrètement que ce « toucher » : j’essaye de le saisir, de le comprendre mais lui, si quotidien, me paraît de plus en plus inexplicable. Au point que mes propres mains que j’observe découvrir les différentes surfaces me semblent soudain étrangères. Troublé, je décide de continuer ma route. Je me mous, guidé par mon  intuition, je ne sais trop où je vais, mais j’ai le sentiment que ce long voyage va bientôt toucher à sa fin et qu’il me révélera bientôt son secret. Les intersections se succèdent, me donnent l’impression de m’enfoncer au cœur de la vie des habitants de plus en plus nombreux. Beaucoup ont déjà un certain âge, ils sont souvent bien en chair et revêtent de rondes joues rosées d’enfants. Dès que j’en croise un, je me fais un plaisir de lui faire un signe de la main. Ils semblent surpris, ces gentils bonhommes, mais me répondent systématiquement par quelques mots souriants.

    Soudain, à la sortie d’un chemin bordé d’habitations, surgit devant mes yeux l’une d’entre elle. Un peu plus petite, mais plus colorée, très chaleureuse. De fines planches blanches encadrent les murs transparents et ressemblent alors à de la dentelle venant parer ces harmonieux murs rosés. Je m’aperçois alors que mes jambes m’ont menées jusqu’à l’entrée de cette ravissante étrangère. Machinalement, je fouille dans mon sac et sors la mystérieuse clé qui m’appartient depuis… Depuis… Aussi loin que je m’en souvienne à vrai dire.

    Je rentre délicatement la clé dans le trou de la porte en me mordant la lèvre. La tourne doucement. Millimètre après millimètre. Un petit « clic » retentit. La porte s’ouvre devant moi comme pour m’accueillir.  Je retiens ma respiration. Pose un pied sur le sol conquit et…

    « Ah, mon chéri, tu es rentré ! C’était comment l’école ? Et le bus, pas trop long à venir ? Tu vas être content, je t’ai fait des cookies ! »

    …le charme est rompu. Bon tant pis. Bonjour mon village, bonjour maison, bonjour papa !


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :