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    Les crissements et bourdonnement, meurent.

     

    Le vroubissement du moteur, embaumé de notes naissantes s’est mue en un charmant gazouillis. La mélodie magicienne se love contre le mou monde.

     

    Les colosses de pierres surgissent de terres et font face aux titans d’acier et de glace.

     

    Soudain, nous nous élançons !

     

    Nous fendons tendrement, vivement la scintillante ville folle.

     

    Crescendo ! L’antique garant de la Justice se dresse face à l’austère et prospère tour d’affaire. Nous nous coulons, rythme lent, loin de cette éternelle guerre de position.

     

    Les perpétuelles lucioles citadines s’exaltent aux contacts de nos notes clignotantes.A peine certaines sont elles en vu que nous en sommes séparées.

     

    Le manège routier s’adonne à un nouveau tour.

     

    Des colosses, des lucioles, des tours glacées semblables dans l’obscurité mais uniques dans leurs accords défilent encore.

     

     


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    Il danse, assis sur un siège branlant. Sa digne veste sombre s’échouant , se traînant piteusement autour de ses baskets mal menées. Entre ses mains abîmée, l’instrument démiurge ; aux fonds de son abysse irissien, la souffrance démente. Du bout de ses doigts rougis éclosent des notes tourmentées faisant remuer sa chétive humanité.

     

    Isolé sur son sublime îlots d’indigence bordé par les froids flots de la foule, il arrache ses yeux au monde. La passion transcendante, la tristesse indécente.

     

    En contemplant ses paupières crispées , des yeux ouverts voient enfin. La dignité dénudée donne naissance à l’estime. Les yeux s’émeuvent de l’humidité de leurs paires et le coeur du noble cris du frêle instrument massif.

     

    Perçoit t’il les prunelles coupables et redevables du haut de sa retraite interne ? Peuvent-elles lui procurer un quelconque apaisement ?

     


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  • De lourdes ailes de papier s’entassent sur mon lit livide. Elles me recouvrent,  me plaque contre mon pâle et funeste compagnon.

     Puisque je suis captive, il leur est trivial de me contraindre à me dévouer à leur assortiment  de mots. Ces derniers envahissent ma vision. Ils me plongent dans des mondes fictifs ou m’élèvent au-dessus de mon univers natal. 

    Je suis coincée, la liberté est une onéreuse denrée. Mais peut-être que du bas de mon sommier, l’omniscience, elle, ne m’est pas prohibée ? Candide rodomontade.

    Les mots, les maux, ils m’ont détériorée et ornée. Le temps de les apprendre, la voilà, la richesse qui m’est échue.  C’est grandiose, c’est jouissif d’avoir des mots pleins les pensées mais que c’est corrosif quand on est astreinte à les contenir en son seul être alors même qu’ils sont incoercibles.

    Mon corps et mon cœur sont  des indigents tyrannisés par mon esprit aisément conditionné par ses geôliers fantasmés.  Peut-être qu'avant l’avènement de la raison, des barrières ont été érigées par des corps étrangers. Puis l’esprit les a probablement  perçus exacerbés par la naissante lumière de son aurore. Et au cœur du midi, le mirage perdure encore. Raison, esprit, volonté qu’importe sa dénomination, ça continue de trembler devant un ennemi depuis longtemps affaibli.


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  • Il git là. Son corps déployé, ses paupières closes. On pourrait le croire paisiblement égaré dans le monde des rêves si son expression ne se froissait  pas ponctuellement à l’approche de pensées perturbatrices.

    Il doit les faire taire, les ensevelir sous un volume sonore toujours plus conséquent. Il remue péniblement, presse frénétiquement un petit bouton. Peut-être que les accords rythmant les mondes virtuels dans lesquels ils s’évadent quotidiennement pourraient  le soulager ?  Il sourit tristement. Le chant de la pluie, lui aussi, a été engloutit. Tribut inévitable. Il s’immobilise un instant avant d’arracher les écouteurs qui lui obstruaient les oreilles et de les rejeter avec emportement.  Rien ne l’apaise. Les pensées, tournent, remuent et tournent encore dans son esprit!

    Il revoit l’illégitime autorité le forcer à se courber, perçoit la précarité menacer de le percuter, imagine des mains avides se refermer sur la taille aimée… Transperçant. Il saisit sa petite fenêtre ouverte sur le monde, il espère pouvoir s’y évader. Il fait défiler des données collectées en tout point du globe. Insoutenable. L’injustice, la corruption, la pauvreté, l’indifférence gangrènent tous les pays de ce monde condamné. La fuite est impensable. La lumière ne pourra provenir que des explosions. Une solution : la destruction. Et après, la renaissance?

    Soudain une boule de douceur vient se lover contre de lui. Il la touche, perd ses doigts dans un pelage soyeux. Sensation salvatrice. Un sursaut de vie le réanime. Il se lève, perdu et résolu. Il se saisit instinctivement de l’arme des créateurs. Alors qu’il s’assoit et la fait courir sur le papier il voit petit à petit se détacher un détenteur de liberté. Lui, il peut explorer sans limite, il peut lutter contre tout ce qui lui semble nocif, influencer toutes les âmes croisées. Quant à lui, il est là, coincé, immobile, incapable de faire des choix.

     Est-ce la vérité ou un refrain perpétuellement ressassé ?

    Il peut bouger, il peut refuser, il peut protester, il peut dessiner , il peut penser, il peut apaiser, il peut rêver, il peut s’en aller, s’évader, il peut aimer, il peut jouer, il peut créer,  il peut amuser,il peut observer. Il ne peut pas abandonner.

    Alors que ses pensées l’ont emporté, peut-être même égaré, on pénètre dans son antre. On s’empare délicatement de sa main. Il émerge doucement. Un sourire familier, un corps sur lequel se reposer. Peut-être que cela lui transmettra la force nécessaire pour qu’il puisse se confronter à la réalité sans être brisé? Et pourquoi ne pourrait-il pas plutôt tenter de l’altérer ?


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  • Après un combat enragé pour ce que nous appelions la vie elle-même, la force nous abandonne inexorablement. La poussière soulevée par tant d’agitations  tournoie encore un instant avant de s’affaisser mollement. Elle, qui occultait notre horizon, se retire.

    C’est fini.

    La vie peut-elle toujours être si rien ne s’agite ?

    Nous n’osons bougés, ahuris. Lorsque nos esprits nous reviennent progressivement, nous prenons conscience qu’un silence funeste s’est glissé jusqu’à nos oreilles. Ce n’est qu’un vulgaire symptôme d’une réalité encore plus glaçante : Tout est vide, immobile. Qu’importe si le butin convoité, poids mort, se trouve à présent en notre possession ; qui se soucierait, en cet instant, de savoir si nos biens ont été malignement dérobés ? Si plus rien n’est, comment cela pourrait-il encore importer ?

    Les sacrifices, les peurs, les sanglots, les pertes et même les victoires. Comme cela parait loin, vain. Pourquoi avoir désiré ces choses inertes, futiles, qui ne combleront jamais l’absence de réponse d’un monde creux ?

    Nous désirions oui. Sans doute pour combler le vide existentiel qui alourdissait nos ventres. Nous nous sommes gavés après avoir lutté avec ferveur. Nous avions alors l’illusion que nos actions importaient, que ce qui en résulterait serait crucial, déterminant. Nous n’espérions pas le bonheur, non, juste de la satisfaction, du soulagement. Nous les avons eus. Un bref instant. Et le monde s’est alors révélé à nous dans toute sa nudité et son absurdité. La vérité git dans nos mains inanimées.

    Un doute, effleure notre esprit : Le combat s’était-il véritablement achevé ? Ne risquons-nous pas de perdre plus si demeurons inertes ? Si, assurément. Cependant cela importe peu. Plus rien n’a de valeur. Qu’ils se jettent dessus ces vautours écervelés, qu’ils s’épuisent inutilement ! Nous les sentons s’approcher, nous lorgner de leur écœurant regard dégoulinant d’envie.

    Une certitude nait alors en nous. Nous redeviendrons aussi risibles qu’eux dès que nous oublierons, dès que nous aurons à nouveau les yeux rivés sur nos vies exiguës.  L’apathie se révèlera alors fatale. Ce destin nous indiffère.


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